« Un outil pédagogique à la gestion forestière »

Inscrit dans une démarche partenariale entre le parc naturel régional du golfe du Morbihan, le centre national de la propriété forestière Bretagne Pays de la Loire, l’Office National des Forêts et la propriétaire d’une parcelle forestière sur Sarzeau, cet espace est un lieu d’apprentissage de gestion forestière destiné aux propriétaires, collectivités, forestiers, etc…

Une formation au martelage des forêts

Dans le cadre de son programme de sensibilisation « De nouvelles forêts pour le climat et la biodiversité », Clim’actions Bretagne propose à ses adhérents de participer à une formation de martelage fictif (opération qui consiste à désigner par l’empreinte d’un marteau forestier les arbres d’une coupe qu’il convient d’abattre ou de conserver) à travers un outil numérique récemment développé permettant de mieux comprendre la gestion forestière durable.

Des experts forestiers présents

Eric Sinou, technicien forestier auprès du CNPF accueille les 15 participants sur la parcelle de 1ha destinée comme support pédagogique à la gestion d’une parcelle forestière. Parmi ces participants sont présents Dominique Pirio , présidente de Clim’actions et ancienne forestière, Jean-Luc Bisch, ancien directeur de l’ONF Bretagne et Michel Danais, écologue, qui sont également membres du comité d’experts forestiers de Clim’actions Bretagne. Ils accompagnent nos apprentis adhérents à l’observation des arbres sur cette parcelle forestière privée.

Le marteloscope : un outil de dialogue sur la gestion forestière

Il s’agit d’une simulation de coupe forestière. Tous les arbres de la parcelle forestière sont numérotés et cartographiés auparavant. Une valeur écologique – micro-habitats de l’arbre – et une valeur économique – volume de bois, qualité de la grume, prix locaux – leur sont attribuées. La parcelle où nous sommes est la seule en Bretagne qui est utilisée à cet usage pédagogique.

Cette identification des arbres dans l’outil du marteloscope aura pris entre 3 et 4 jours aux 3 techniciens de l’ONF (Office National de la Forêt), du CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) et du PNRGM (Parc Naturel régional du Golfe du Morbihan) qui se sont occupés de l’opération. C’est un long travail en amont, mais qui est particulièrement intéressant en termes de sensibilisation par la suite dans la gestion durable d’une parcelle forestière.

Quels sont les critères d’identification au martelage d’un arbre ?

Il s’agit de repérer les arbres d’avenir, de faire une éclaircie et de prendre en compte la biodiversité.

  • Arbres d’avenir (vigueur ou hauteur supérieur à la moyenne, conforme avec un tronc droit, etc… )
  • Arbres à dendro-micro-habitats (arbre disposant d’habitats pour la faune tels que des cavités, branches mortes, lichens, fissures, etc…)
  • Arbres vétérans (Arbres très très vieux utile à la biodiversité)
  • Arbres semenciers (Arbre adulte qui dispose à ses pieds de pleins de jeunes plants)
  • Arbres concurrents à la lumière
  • Arbres arrivés à maturité pour l’exploitation en bois d’œuvre
  • Arbres dépérissants suite à l’attaque de parasites provoquant des maladies

Des choix pas faciles à prendre

Par groupe de trois, les participants partent, tablette numérique en main, sur un quadrat de la parcelle (espace délimité pour l’observation des arbres à couper ou non)

Les participants, bien souvent, n’ont pas le même avis sur ce qui pourrait être un arbre concurrent, un arbre d’avenir ou un arbre favorable à la biodiversité. Les critères de sélections sont multiples et complexes et les perceptions humaines très diverses. L’exercice amène à beaucoup de débats entre les personnes, ce qui renforce l’apprentissage à l’observation des arbres.

L’important, précise le formateur Eric Sinou, est de pouvoir expliquer pourquoi on abattrait cet arbre et pas celui d’à côté (houppier équilibré ou non, tronc droit ou non, la coupe de l’un va apporter de la lumière pour les autres, etc…)

Une fois la décision prise par le groupe, on saisit l’information sur la tablette numérique.

  • Une carte de la parcelle avec des cercles de couleur différentes selon les essences, et de taille différente, selon le diamètre des arbres
  • Un tableau avec la valeur économique, valeur habitat, densité par hectare par essence.
  • Un diagramme de la distribution par diamètre de tronc
  • Un tableau d’analyse de la valeur économique et d’habitat de la parcelle

Définition d’une coupe d’éclaircie par l’ONF

« La coupe d’éclaircie, intervient régulièrement sur les jeunes forêts et accompagne la croissance des arbres. Elle consiste à abaisser régulièrement la densité des jeunes arbres sur une surface forestière, en récoltant les arbres les moins prometteurs pour permettre aux plus vigoureux de se développer.

La sélection, effectuée par les forestiers, se fait en fonction de divers critères (vigueur, forme, rectitude, défauts…). Les bois récoltés sont les moins prometteurs, principalement des petits bois et bois de diamètres moyens utilisés par les industries de panneau de particules ou les papeteries. Ils peuvent aussi être sciés et valorisés en charpentes agglomérées »

L’éclaircie dans notre cas sera effectuée tous les 5 à 10 ans avec 20% de nombres de tiges retirées selon la vitesse de réaction des arbres, explique Eric Sinou

Le projet du martelage sur la parcelle se déroule sur la période 2022 – 2025 pour ensuite effectuer réellement la coupe.

Cet outil est vraiment une aide à la décision dans la gestion de la forêt et un bon outil de sensibilisation pour comprendre ce qu’est réellement la gestion durable d’une forêt.

Les adhérents de Clim’actions ont bien apprécié la formation et ont renforcé encore davantage leurs connaissances sur la gestion durable des forêts en France.

Rédaction Aline Velot